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Six obstacles au développement des Fintech au Sénégal

  • October 12, 2017

  • Dakar, Senegal

Pour plus d'informations, contactez

Bery Dieye KANDJI
KM & Communication Consultant
bery.kandji@uncdf.org

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La « Fintech », contraction de « technologie » et « finance » en anglais, désigne une structure qui offre des produits et services financiers innovants sans être elle-même une institution financière (Banque, Système Financier Décentralisé,…).

Au Sénégal, les Fintech font progressivement leur apparition, offrant divers produits et services qui peuvent participer à la croissance du marché de la finance digitale. Mais elles arrivent sur un terrain qui ne leur est pas forcément favorable.

Si vous êtes une start-up attirée par la technologie financière, soyez prêts à affronter les défis suivants :

  1. En tant que Fintech vous devez développer des offres innovantes, en conformité avec la réglementation juridique, financière et fiscale en vigueur au Sénégal. Mais qui sont les autorités avec qui vous devez valider cette conformité ? Les identifier sera votre premier grand défi. On en compte plus d’une dizaine dans le pays : la Banque des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Direction de la Monnaie et du Crédit (DMC), l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), la Direction de la Micro Finance (DMF), pour n’en citer que quelques-unes.
  2. Vous ferez également face à une réglementation qui n’est pas toujours en phase avec vos réalités commerciales. Par exemple, si le crowdfunding, mode de financement participatif très en vogue, est au cœur de votre projet, vous risquez de souffrir du monopole des banques sur le crédit et du contexte règlementaire autour de l’appel public à l’épargne.
  3. Le dispositif autour de la signature électronique, mis en place par l’Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE), peut être complexe à utiliser pour une Fintech. Pour dématérialiser des contrats, il vous faudra beaucoup de temps et de patience. Chose difficile lorsqu’on est une structure dont l’originalité est la capacité à développer des offres instantanées, et numériques de surcroit.
  4. Une Fintech a besoin de nouer des partenariats pour développer ses offres. Au Sénégal l’une des difficultés dans ce domaine est le faible pouvoir de négociation face aux gros facturiers et aux institutions financières de la place. Ceux-ci imposent parfois des clauses restrictives pour les Fintech dont le business model repose essentiellement sur l’agrégation de services. Il ne reste donc qu’une faible marge de manœuvre qui pourrait affecter la viabilité du modèle économique d’une Fintech.
  5. Malgré un fort potentiel de croissance, trouver des financements demeure un véritable défi. Les banques sont encore réticentes à financer des modèles économiques naissants. Et même si des fonds de garantie existent, leurs processus est souvent trop long et inadaptés aux cycles de développement de start-up.
  6. Autre problématique, à laquelle il faut vous attendre, c’est l’absence d’écosystème favorisant le développement des Fintech. Il n’existe presque pas de cadre au Sénégal, pour partager vos projets avec les centres de recherches, les grandes entreprises, les acteurs publiques, et les investisseurs, et faire émerger des partenariats.

Ce dernier point englobe sans doute tous les freins au développement des Fintech sénégalaises. Mais alors, y a-t-il un avenir pour ces nouveaux acteurs du marché ?

Oui, car l’innovation, principale valeur ajoutée des Fintech est également l’un des poumons de la finance digitale. Pour que les populations adhèrent à celle-ci, il faut leur proposer des services innovants et adaptés à leurs besoins.

Les Fintech du Sénégal ont besoin d’être accompagnées, pour relever les défis de la réglementation, de la recherche de financements et de la mise en place de partenariat.

Le programme MM4P dont le cœur du mandat est de fédérer l’ensemble des acteurs des services financiers numériques, y travaille activement. Une première rencontre a été organisée le 07 septembre, dans les locaux de MM4P, permettant d’échanger avec les Fintech sur leurs projets, défis et perspectives. La prochaine étape consistera à formaliser un cadre d’échange avec ces derniers, pour les accompagner dans leur conquête du marché.

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Bery Dieye KANDJI
KM & Communication Consultant
bery.kandji@uncdf.org