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Rapid Finance Facility, pour l’inclusion des jeunes et des femmes rurales au Niger

  • September 15, 2022

Author:

Cheikh GUEYE
Expert en Finance Digitale

Peace Carmen AHOUISSOU
KM and Comms Specialist

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Le champ d’une productrice, en période de récolte à Birni Gaor

Les femmes se prêtant à l’exercice de l’approche HCD dans la région de DOSSO

L’agriculture, principale activité au Niger, représente 40% du PIB et 80% des sources de revenus de la population, majoritairement rurale. Les femmes sont la plus grande main d’œuvre locale, suivies des jeunes. En 2021, année censée être celle de la reprise de la croissance économique suite à la pandémie de Covid-19, le Niger a malheureusement connu une faible pluviométrie Impactant fortement les sources de revenus de ces populations. De même, le manque d’accès à des outils financiers appropriés (services d'épargne, de crédit, de paiements) continue de maintenir les populations rurales dans un cycle de pauvreté et de vulnérabilité notoire.

C’est dans ce type de contexte que le projet Rapid Finance Facility (RFF), a vu le jour au Niger, fruit d’une collaboration entre le PNUD et UNCDF pour autonomiser et inclure financièrement 400 femmes et jeunes dans les régions rurales de Dosso et Tillabéry. L’objectif de ce projet est de renforcer leur autonomisation par l’utilisation des nouvelles technologies. Il est question d’aider les groupements de femmes et de jeunes qui œuvrent dans le secteur de l’agriculture, afin de faire face aux défis induits par la crise de la Covid 19, en les équipant de matériels et en leur donnant accès à des produits financiers adaptés.

Si le projet a été lancé en novembre 2021 par le PNUD Niger, son volet “finance inclusive” a été implémenté à partir de Mars 2022 par l’UNCDF. Sur une durée de dix-huit (18) mois, il vise à moderniser les chaînes de valeur agricole, tout en incluant financièrement 400 jeunes et femmes au sein des communes de Simiri, Namaro et Birni Ngaouré.

Les apports du PNUD et de l’UNCDF

Le PNUD a contribué à l’aménagement de quatre sites maraichers de deux (2) hectares chacun, et les a équipé d’un mécanisme de télé irrigation par système solaire. Ce mécanisme, qui a considérablement réduit les efforts physiques et les contacts, a par conséquent ralenti la propagation de la pandémie dans les localités de mise en œuvre du projet.

Les femmes et les jeunes producteurs ont bénéficié de formations, d’intrants agricoles, de kits de transformation de produits maraichers, ainsi que de magasins de stockage. Au bout de six mois, leurs revenus se sont améliorés.

“Je suis mieux préparée pour faire face à l’insécurité alimentaire car mes capacités ont été renforcées dans le domaine du maraichage, et je peux à présent m’investir dans le petit élevage”, affirmait une productrice à sa communauté lors de la récolte.

L’UNCDF a pour sa part apporté son expertise afin d’identifier l’ensemble des besoins financiers (épargne, crédit) et non financiers (éducation financière) des bénéficiaires du projet RFF pour leur proposer les services et produits adaptés. Son approche se décline en deux volets :

  • un premier basé sur une méthodologie centrée sur les besoins des bénéficiaires ou Human-Centered Design (HCD), qui inclut le prototypage de produits et de services financiers et non financiers adaptés.
  • un second volet qui consistera à déployer les produits et services financiers au niveau des bénéficiaires lors d’une phase test, puis par une mise à l'échelle.

Comprendre les besoins des populations

L’UNCDF a étudié les besoins des bénéficiaires à travers des entretiens individuels, et des focus groups avec les organisations de femmes maraîchères, puis avec les jeunes. Au cours de cette phase, un constat clair a été établi : alors que les femmes exprimaient une forte demande de support pour la gestion de leurs activités, presqu’aucune d’entre elles n’avait auparavant accès aux services financiers classiques. Sur un échantillon représentatif, les femmes, qui à l’accoutumée ne pratiquent que de l’épargne informelle, ont

estimé avoir besoin d’être formées et mises en relation avec les services financiers pour mieux gérer leurs activités.

Ainsi, Roukaya, productrice ambitieuse et membre d’une tontine, expliqua : “ Je suis une agricultrice et commerçante qui investit mes revenus dans le bétail et l’embouche. Pour développer mes activités, je m’appuie parfois sur notre tontine, mais les prêts sont infimes. Si seulement j’avais connaissance des banques qui peuvent accompagner mes projets, je multiplierai davantage mes revenus”.

Afin de résoudre ce problème et d’assurer la durabilité des activités génératrices de revenus désormais renforcées par l’appui du PNUD, la problématique de la gestion financière a été prise en compte.

Les jeunes, quant à eux, sont un peu plus au fait de l’existence des services financiers, mais n’ont pour autant pas d’expérience avec ces derniers. Ils souhaitent eux aussi être accompagnés, mais dans le domaine de la gestion de l’eau, pour mieux soutenir les productions végétales tout en préservant les ressources naturelles. Selon eux, l’ensemble des sessions de renforcement de capacités, leur permettront de mieux gérer les différentes ressources hydriques sur l’année, pour réussir à irriguer de manière efficiente leurs cultures. Grâce aux résultats de l’approche Human-Centered Design, des produits financiers adaptés seront développés. La conception de ces derniers se fera à travers une phase de prototypage, en collaboration avec les partenaires techniques de UNCDF, notamment DIMAGI (un fournisseur de solutions digitales aux communautés mal

desservies) et la Faitière des Caisses et Coopératives d’Epargne et Crédit (FACEC). Le but de l’exercice sera de passer en revue les informations recueillies pendant l’étude HCD afin de réfléchir aux produits financiers et digitaux pouvant mieux servir. C’est sur la base des idées émises que seront générés un ou plusieurs prototypes de produits conçus spécialement pour répondre aux besoins des jeunes et des femmes bénéficiaires de Namaro, Simiri et Birni Gaoré.