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Saré Dao, SENEGAL - A Thieppe, le revenu moyen d’une femme intervenant dans la transformation des poissons, est passé de 25 000 à 50 000 FCFA par cycle de production. Le renforcement des capacités des femmes est passé par là, conduisant à une gestion plus efficace et plus efficiente de leurs activités.
Au début, c’était irréaliste, mais à l’arrivée, une transformation positive de leur quotidien s’est opérée. Les femmes désormais tiennent entre leurs doigts, le bout de l’économie locale. Nous sommes à Saré Dao, dans la Communauté rurale de Thieppe, nichée dans la zone agrosylvopastorale du Sénégal. C’est une des localités d’intervention du Projet d’Appui au Développement économique local (PADEL/PNDL), une initiative soutenue par l’UNCDF et le PNUD, au Sénégal. Cette collectivité dispose d’énormes potentialités pour le développement des filières agricoles. La pêche, aussi, avec une côte maritime très poissonneuse, fait partie de ce lot. Mais, hélas, elle est peu développée, même si elle présente une bonne marge de progression, comparativement aux autres secteurs. Voilà, pourquoi la majeure partie des femmes s’active dans la transformation de produits halieutiques. Néanmoins, elles font face à un manque de moyens matériels et financiers. Mais surtout, à un déficit managérial pour une conduite de leurs activités.
En ce début du mois de Novembre, un frais venant de la côte maritime souffle fort, annonçant un changement de temps. Aminata, bassine sous l’aisselle, va à la capture et à la transformation de poissons. Elle est à la tête d’un groupe d’une dizaine de femmes qui fredonnent allègrement les sonorités d’une ethnie bien présente dans la localité. Ici, de manière générale, les femmes étaient marginalisées dans les activités structurant l’économie locale. Elles n’ont pas souvent accès à la terre. Les hommes, propriétaires terriens leur prêtent des champs, pour qu’elles s’adonnent aux cultures de rente. Le poids des femmes dans la démographie de cette localité bien que réel, leur influence dans les instances de décision à teneur économique est négligeable. La charge de la tradition et les réalités socio anthropologiques sont encore vivaces. Mais avec l’intervention du PADEL, une inversion des tendances s’opèrent. Que de chemins parcourus !
A travers un fonds d’appui aux initiatives économiques locales permettant au groupement de base d’accéder aux ressources du projet, les communautés à la base voient autrement l’avenir, grâce aux soutiens multiformes du PADEL. Dans un premier temps, le projet a appuyé à la densification d’un réseau de 13 groupements de promotion féminine et leur structuration en une union. Objectif : leur assurer une meilleure visibilité de leurs activités autour de la filière halieutique, soutient l’une d’elle. Ensuite, les résultats de la planification locale suite à la tenue de forum économique ont mis l’accent sur le besoin d’acquérir un équipement de travail. « Nous avions pensé à une unité de transformation et de stockage de produits halieutiques, lance Aminata », notre interlocutrice, rappelant que cette acquisition correspond aux souhaits exprimés par les femmes. C’est ainsi que le projet a accompagné à la mise en place de cette unité. Les conditions d’une prise en main de la filière par les femmes étaient donc réunies. L’ouvrage est confié à l’union des Groupements de promotion féminine qui veille à la gestion et aux amortissements des équipements.
Le Secrétaire Permanent de l’Agence de développement économique local (ADEL), un des produits de la maison du développement local, structure de proximité et d’encadrement promue par le projet, note avec satisfaction les appuis formulés : « Nous avons mis à leur disposition des outils notamment un journal de gestion des stocks, des recettes, des charges et un répertoire du patrimoine »,renseigne-t-il. Aussi, avoue-t-il que de « fréquentes des visites pour un suivi, l’élaboration de la balance et des états financiers » sont organisées. Mais ce qui a été déterminant dans la réussite des femmes, c’est l’investissement sur le capital humain. En effet, l’Agence de développement économique local (ADEL), s’est particulièrement investie, pour accompagner les groupements à élaborer un plan de formation sur la période 2011-2014. Ensemble, engageons l’action durable qui fédère ! C’est le début d’une maîtrise d’une approche planifiée.
C’est ainsi que des sessions pratiques de formation ont été dispensées aux femmes, à travers des thèmes très variés. Les modalités de constitution et dynamique de groupe, le management des organisations, le leadership local et la communication sociale, sont les thématiques les plus en vue. D’ores et déjà, l’intervention du projet a favorisé une bonne dynamique organisationnelle. Par exemple, les groupements de femmes plus dynamiques tiennent régulièrement des réunions et essaient de documenter leurs activités. Les femmes ont une meilleure compréhension de leurs rôles et responsabilités dans leurs groupements pour une meilleure participation. La relation « production –commercialisation » est bien huilée au niveau des Groupements de promotion féminine. Après donc une bonne production voire transformation, les femmes sollicitent un financement auprès des structures financières décentralisées encadrées par le Projet.
La convention tripartite signée entre le PADEL/PNDL, le Projet d’Appui à la Lettre de Politique Sectorielle (PA/LPS) de la micro finance et une structure financière décentralisée de la localité permet de faciliter l’accès aux services financiers. En effet, le PADEL/PNDL prépare la demande de financement en accompagnant les femmes sur l’analyse de leur secteur d’activités et l’élaboration de leurs plans d’affaires. Par ailleurs, le PA/LPS appuie l’offre financière. Un tel procédé permet de soumettre au SFD qui est renforcé, de mieux répondre à la demande de services financiers, des projets bancables. Il est intéressant que noter que les deux projets qui développent une synergie sont initiés par l’UNCDF.
C’est ainsi que la commercialisation des produits halieutiques est effectuée en dehors de la Communauté rurale comme pour les produits maraîchers, à Lompoul sur Mer, à Potou ou à Fass Boye où il existe des points de débarquement et des unités de conservation. Une perspective intéressante s’offre à la localité. Elle va bénéficier d’une piste de production qui correspond à la contribution du Programme d’Appui au Développement Economique des Niayes (PADEN) à la promotion de l’économie locale. C’est ce dispositif original qui rompt avec l’approche classique qui a permis à plusieurs femmes appartenant de la localité de Thieppe d’améliorer leurs modes de vie. Leurs revenus moyens passent de 25 mille francs CFA à 50 mille francs CFA. Elles appuient efficacement leurs maris dans la prise en charge des dépenses quotidiennes, dans la couverture sociale de leurs progénitures. Les liens sociaux se densifient et elles retrouvent l’espoir à la vie communautaire.
L’une des leçons apprises renseigne que le secteur est devenu une véritable source de revenus aux habitants de la localité. La mise en place de l’unité a permis d’augmenter le nombre de femmes transformatrices. Par ailleurs, les pêcheurs écoulent plus facilement leurs produits. Les produits de la localité sont de plus en plus connus ailleurs car les quantités produites sont aussi importantes. En effet, la localité tend vers un véritable pôle de développement économique.
En définitive, plusieurs constats corroborent l’autonomisation financière des femmes. C’est d’ailleurs l’une des conclusions à laquelle a abouti Mlle Mouhoudhoiri HIDAYA, élève ingénieur des travaux de planification économique, dans le cadre de son mémoire de fin d’études. Elle a confirmé son postulat de départ : une rentabilité de l’activité de transformation de produits halieutiques dans la zone de Saré Dao, grâce à l’assistance du projet conduit à une amélioration des revenus des femmes.
(Source, MDL de Kébémer)