Le Fonds d’équipement des Nations Unies (UNCDF) a organisé un atelier d’Orientation relatif au Programme d’Appui au financement de la petite agriculture-AgriFinance  Sénégal - le 13 juin à Dakar en présence des acteurs du secteur financier, de l’agriculture et des opérateurs de transfert d’argent.

Cette rencontre avait pour objectif d’examiner la thématique de la finance agricole au Sénégal de manière inclusive, en impliquant activement les principales parties prenantes qui interviennent dans le secteur pour s’assurer que toutes les questions essentielles sont prises en compte et incorporées dans le document final du Programme AgriFinance Sénégal

Le Programme AgriFinance est une initiative de l’UNCDF qui aborde les défis liés au développement du secteur financier dans le secteur agricole. Il vise à contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire et de la résilience des populations défavorisées, à travers le renforcement de l’accès durable des exploitants agricoles à des services financiers innovants et adaptés et l’accroissement de la productivité agricole.

Au Sénégal, une grande partie de la population dépend de l’agriculture pratiquée de manière traditionnelle et se trouve dans un état de vulnérabilité chronique en raison de la récurrence des chocs climatiques. L’agriculture sénégalaise est dominée par des exploitations de type familial qui occupent environ 95 % des terres agricoles du pays. L’accès aux services financiers et par ailleurs au crédit pour acheter la terre et se procurer des intrants et du matériel agricole est une  des contraintes majeures rencontrées par des exploitants agricoles.

Bien que l’offre de services financiers ait connu un développement significatif au cours de la décennie 2005-2015, avec notamment l’augmentation et la diversification des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD), l’amélioration et l’extension de l’offre, l’inclusion financière des agriculteurs et des populations à faibles revenus n’est pas encore une réalité. Le portefeuille de crédit des SFD en milieu rural est relativement faible et estimé à 10,4% de l’encours total de crédit en 2012.

« L’offre de services financiers bancaires et non bancaires est loin de répondre aux besoins spécifiques des exploitations agricoles familiales qui constituent la majorité des exploitations agricoles au Sénégal. Des progrès sont encore nécessaires pour améliorer l’inclusion financière  de ces petits exploitants agricoles » soutient Mathieu Soglonou, Conseiller Technique Régional en Finance inclusive au Bureau de l’UNCDF à Dakar.

Comme axe de solutions proposées, M. Yatma Mody Ndiaye, directeur du cabinet du Ministre délégué chargé de la Microfinance et de l’Economie Solidaire, a rappelé le travail que le gouvernement va initier, « la lettre de politique sectorielle de la Microfinance prévoit, entre autres actions phares pour renforcer l’agrifinance, une meilleure structuration de la demande rurale, une plus grande synergie entre les structures de développement rural et les prestataires de services financiers, de ressources humaines des SFD plus spécialisés au financement agricole, la diversification et l’adaptation de l’offre, l’utilisation de la technologie et le renforcement de la culture financière des populations rurales. »

Le programme Agrifinance conçu pour une période de quatre ans (2016-2020), vise à terme une croissance durable, inclusive à travers l’accroissement et la sécurisation des revenus des exploitations agricoles, des Micro, Petites et Moyennes Entreprises rurales, des femmes et des jeunes et le renforcement de la sécurité alimentaire nationale et de la résilience des populations défavorisées. Ce programme va être mené en partenariat avec l’Etat du Sénégal à travers les Ministères chargés de la microfinance et de l’agriculture, le secteur privé, les institutions de microfinance, les banques, etc.

« Il est important d’adopter une approche financière integrant les différents maillons des chaînes de valeurs agricoles et plus encore ceux connaissant des niveaux d’adressage des besoins financiers assez faibles. Ce programme va sans doute développer des solutions financières innovantes en direction des exploitants agricoles pour renforcer leur accès et leur usage des services financiers formels » poursuit Soglonou.