Le programme alimentaire mondial (PAM) au Sénégal s’intéresse à l’adoption des systèmes de paiements numériques notamment le service mobile money dans le cadre de l’acheminement de l’aide alimentaire

Ce service offre l’avantage pour l’agence humanitaire d’améliorer la sécurité, la fiabilité et la traçabilité de l’aide humanitaire. Et pour le bénéficiaire, elle réduit les délais de notification, de réception des fonds et permet d’accéder à des services financiers de base tels que l’épargne, le transfert d’argent, etc. Le bureau régional du PAM au Sénégal a sollicité l’UNCDF pour l’accompagnement de ses projets de transferts monétaires au Sénégal et au Niger, pays pilotes dans ce partenariat.

L’essor des services financiers numériques au Sénégal a permis d’améliorer le taux d’inclusion financière de 15% en 2014 à 42% en 2017, selon le Global Findex.

A travers la digitalisation de ces transferts, le PAM veut favoriser l’inclusion financière réelle de ses bénéficiaires, qui pourront ainsi accéder à un compte, l’utiliser de manière autonome et faire valoir leurs droits en matière de protection du consommateur. Un objectif qui rentre en droite ligne avec la mission de l’UNCDF qui est d’accroître l’accès et l’usage des services financiers numériques. Ce partenariat permettra d’optimiser le réseau existant ainsi que le processus de transfert digital de l’aide alimentaire du PAM.

Le projet concerne différents programmes d’assistance notamment le programme de cantine scolaire et le programme de transferts sociaux aux ménages. Les leçons tirées de ce pilote serviront à améliorer la procédure de digitalisation des différents programmes du PAM à l’échelle régionale.

L’UNCDF intervient à travers une assistance technique au PAM qui comprend une approche « Human Centric Design » des bénéficiaires, le développement des modules de formation des formateurs, le dimensionnement des réseaux d’agents adapté aux besoins ainsi que le suivi du projet d’assistance technique dans son ensemble.

A terme, plus de 22 000 bénéficiaires seront concernés par le projet qui a démarré le 10 octobre 2018 par une phase d’immersion à Matam, au Nord-Est du Sénégal.

Les équipes du PAM et de l’UNCDF sont allées à la rencontre des bénéficiaires pour mieux s’imprégner de leurs réalités, leurs aspirations ainsi que les défis auxquels ils font face pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles.

La mission d’immersion a été animée par le groupement de cabinets conseil Innate Motion & PHB Development pendant 2 jours et a permis de rencontrer les différents profils bénéficiaires (bénéficiaires d’assistance conditionnelle et inconditionnelle, gestionnaires de cantines, détaillants) de l’aide humanitaire du PAM.

« Maimouna Lo, Détaillante »

Maimouna Lo est une commerçante qui tient sa boutique au cœur d’un marché traditionnel pour les femmes dans le département de Ourrosogui situé à plus de 690km de Dakar, plus précisément au village de Sinthiou Garba. Elle fait partie des relais communautaires qui collaborent avec le PAM pour distribuer les denrées alimentaires aux bénéficiaires des cantines scolaires. Elle s’approvisionne dans le Sud du pays, à 7h de route de son village. « Si ce projet est mis en œuvre je pourrais économiser 100 000FCA tous les 15 jours et ainsi utiliser cet argent pour me rendre personnellement en Casamance. Je pourrais payer avec mon portemonnaie électronique et recevoir mes marchandises par la navette, au lieu de louer une voiture entière. Et surtout je n’aurais plus de longs trajets à supporter. J’aurais cependant besoin de maitriser l’usage de ce nouveau service, » explique-t-elle, pleine d’enthousiasme.

« Tall Aliou, Bénéficiaire »

A quelques kilomètres du village de Maimouna, à Thiambe, Aliou Tall apprenti dans une gare de transports en commun bénéficie des transferts sociaux du PAM. Il explique : « J’ai reçu des bons alimentaires d’une valeur de 80 000 FCFA pour ravitailler ma famille en vivres. Si j’ai un porte-monnaie électronique, je pourrai épargner un peu d’argent. Avoir un compte en banque est quasiment impossible pour moi. »

Les résultats à l’issue de cette immersion serviront à améliorer les guides d’interview pour la recherche HCD prévue dans les régions de Matam & Tambacounda courant novembre 2018.