Blog

Des paroles aux actes : Comment les gouvernements peuvent-ils faciliter l’inclusion financière numérique des femmes ?

  • 15 March 2020

  • Politiques et Réglementations

Please see English version here.

L’United Nations Capital Development Fund (UNCDF) soutient les gouvernements dans le développement de politiques publiques et réglementations pour des services financiers numériques plus inclusifs. Nous pensons que les gouvernements peuvent prendre des décisions politiques plus adaptées aux besoins de la population lorsqu’ils (1) s’appuient sur des données et de la recherche crédible et variée et (2) consultent toutes les parties concernées (consommateurs, fournisseurs de service, etc.).

Il s’agit de notre première publication sur les politiques publiques et réglementations qui facilitent l’usage des services financiers numériques et qui contribuent à l’autonomisation économique des femmes.

Dans cette série de blogs, nous explorerons ce que les gouvernements peuvent mettre en pratique pour formuler des politiques publiques et réglementations plus adaptées et ainsi permettre à plus de femmes de bénéficier des services financiers numériques. Nous pensons que les gouvernements peuvent y parvenir en intégrant la perspective de genre à chaque étape du processus d’élaboration des politiques publiques (ce que l’on appelle « gender mainstreaming »). Bien que cette approche puisse s’appliquer à tout type de politiques publiques, nous nous concentrons sur les quatre outils de réglementation de base des services financiers numériques, comme énuméré par le CGAP : l’émission de monnaie électronique non bancaire, l’utilisation d’agents, le devoir de vigilance relatif à la clientèle compte tenu du risque et la protection des consommateurs.

Au cours des trois prochaines années, nous prévoyons de partager des exemples de « ce qui marche » et de « ce qui ne marche pas », tirés de nos expériences avec les décideurs politiques et les régulateurs de 18 pays d'Afrique. Nous envisageons deux approches possibles pour faciliter l’inclusion financière numérique des femmes :

1. Rassembler les données clés et effectuer une recherche approfondie afin de mieux comprendre l’expérience des femmes dans l’accès aux services financiers. Bien que les femmes ne constituent pas un groupe homogène, leurs besoins sont systématiquement négligés. Dans l’ensemble, les gouvernements pourraient faire davantage pour collecter et utiliser les données ventilées par sexe afin de mieux comprendre les expériences des femmes et d'élaborer des politiques et des réglementations en conséquence. Nous avons l’intention d’en apprendre davantage sur les meilleures options que peuvent utiliser les gouvernements dans des environnements à faible ressources, grâce à nos partenaires tels que Data2X et le Women’s Financial Inclusion Data Partnership. Nous prévoyons de travailler avec ces gouvernements afin de planifier et mettre en œuvre les solutions les plus appropriées.

2. Accroître la représentation des femmes dans l’élaboration des politiques publiques. Les décisions politiques sont encore majoritairement prises par des hommes et peuvent donc être biaisées. Les femmes sont généralement sous-représentées au sein des équipes de direction du gouvernement ou des banques centrales. Elles peuvent également passer à côté d’opportunités de formation et de leadership (surtout si elles s'absentent du travail pour élever une famille). Lorsqu’il s’agit de consultations avec les parties prenantes, les gouvernements n’ont généralement pas l’intention d’entendre les représentantes femmes des prestataires et des groupes de consommateurs. Et même lorsqu’elles participent, les femmes ont tendance à moins prendre la parole en réunion. Que faut-il donc faire pour que les femmes soient présentes à la table des négociations ?

Nous sommes déjà en train de chercher des solutions. Par exemple, l’UNCDF aide la Banque de Sierra Leone à élaborer un nouveau cadre de protection des consommateurs pour les services financiers de détails, conformément à la Stratégie Nationale pour l’Inclusion Financière 2017-2020.

D’abord, nous nous associons avec l’IPA, pour utiliser des méthodologies de recherche (enquêtes par SMS et visites mystères dans le traitement des plaintes) afin de comprendre les pratiques actuelles des fournisseurs envers les femmes. Si ces recherches démontrent que les femmes en Sierra Leone sont confrontées à des barrières spécifiques, la BSL pourra les prendre en compte lors de l’élaboration des politiques et règlementations liées à la transparence, aux mécanismes de résolution des litiges, etc.

Par ailleurs, nous travaillons avec ONU Femmes afin de faire entendre la voix des consommateurs, comme celle des associations de marketing des femmes, lors du processus d’élaboration des politiques publiques. Une fois que la BSL aura émis de nouvelles réglementations pour les fournisseurs, elle prévoit de mener une campagne de sensibilisation du public sur la protection des consommateurs à la fois auprès des fournisseurs et des consommateurs. Nous espérons que ces deux approches contribueront à donner aux consommateurs, en particulier aux femmes, les moyens de comprendre leurs droits.

Nous sommes impatients de nous joindre à la conversation !

Ce que nous lisons en ce moment :

Banque Africaine de Développement – Que fait AFAWA?

CGAP – Les 5 grands obstacles à l’inclusion financière des femmes

Banque Mondiale – Inclusion financière : 3 pistes pour combler le fossé entre hommes et femmes