A Maradi, dans le village de Kouka Biyar, Tchatcha Nouhou vit avec ses petits-enfants. Veuve, elle a perdu ses six enfants et son état de santé ne lui permet pas de travailler. Bénéficiaire de l’aide alimentaire du Programme Alimentaire Mondiale ( PAM), elle reçoit tous les mois 32500F. Nous l’avons rencontrée dans le cadre d’une étude centrée sur l’humain (Human Centered Design) menée par le cabinet PHB pour UNCDF.

L’étude est la première phase d’un projet de digitalisation des transferts sociaux monétaires ficelé entre UNCDF et le PAM. A l’image du projet mené au Sénégal, celui du Niger vise aussi à faciliter l’accès des ménages vulnérables aux services financiers numériques. L’initiative , qui est en droite ligne avec la Stratégie Nationale de Finance Inclusive du Niger, permettra aux ménages identifiés de disposer de comptes électroniques, de construire une identité financière, et de bénéficier de programmes d’éducation financière qui tiennent compte de leurs besoins.

L’aide du PAM constitue pour Tchatcha la principale source de revenus. Avec cette allocation, elle a pu épargner progressivement et acheter deux chèvres. Son projet est de les entretenir pour avoir à terme un cheptel et pouvoir subvenir à ses besoins de façon durable.
La technologie est quasi inexistante dans la vie de Tchacha qui n’a pas de téléphone.

« On m’a proposé des téléphones il y a des années mais j’ai toujours refusé parce que je n’en voyais pas l'utilité. Aujourd’hui si l’occasion se représente , je prendrai sans hésiter, c’est la meilleure façon pour moi de communiquer avec mes proches malgré la distance. »

L’utilité du téléphone lui semble encore plus évidente maintenant qu’elle sait pouvoir accéder à des services financiers par ce moyen, et surtout recevoir son aide alimentaire du PAM, discrétement et sans se déplacer.
Prés de 10 000 bénéficiaires sont concernés par le projet pilote mené dans la région de Maradi. La très faible présence des institutions en milieu rural et la bonne pénétration du mobile au sein de la population nigérienne, constituent de bonnes opportunités d’utiliser le digital pour atteindre cette cible.

L’étude HCD a révélé un grand intérêt des bénéficiaires pour la solution digitale. La majeure partie d’entre eux doit se déplacer dans des villages voisins pour percevoir l’aide du PAM, et peut parfois perdre une journée de travail. Si la technologie peut leur simplifier l’accès à cette aide et améliorer leur productivité, tant mieux ! Cependant ils sont tous conscients qu’il faudra apprendre et intégrer de nouvelles habitudes.

Les résultats de l’étude HCD seront utilisés dans la conception de modules d’éducation financière et digitale. Ces modules vont permettre aux bénéficiaires de comprendre l’opportunité des services financiers et de s’approprier les solutions digitales de paiement. D’autre part, la mise en place d’un réseau d’agents et le déploiement progressif d’accepteurs de paiement garantiront le succès du projet.